mercredi 27 août 2008

Moment historique

Je coupe momentanément le fil de mon récit pour vous faire part d'un moment historique.

Barack Obama a été officiellement élu représentant du parti Démocrate à la présidentielle américaine.

C'est un pas vers l'avant.

mardi 19 août 2008

(9)

Le proverbe le dit, la parole est d'argent et le silence est d'or. Merci, donc aux lecteurs en or, même si j'aime bien également ceux qui se font d'argent !

Il faisait beau soleil, ce matin tout de même un peu frisquet du mois de Septembre. L'autobus jaune s'arrêtait pratiquement à toutes les maisons, pour éviter aux petites jambes des enfants de devoir parcourir des distances trop longues, avec leur sac-à-dos sur les épaules.

Embarquer dans l'autobus scolaire était pour moi un événement à tous les jours, cette année là. Les grands de sixième année étaient assis complètement à l'arrière : c'étaient eux qui menaient le bal. Graduellement, en avançant dans l'autobus, on pouvait constater que l'âge diminuait systématiquement. J'étais souvent assis à l'avant, derrière le conducteur, Daniel à mes côtés.

C'était la fin de notre première semaine d'école. On entrait dans le monde.

Ce matin là, Daniel m'avait suggéré de prendre un banc plus à l'arrière. Complètement dans la jungle. Ça faisait deux minutes qu'on était assis, on se trouvait pas mal vieux. Et c'est là que c'est arrivé. Un morveux, littéralement parlant parce qu'il avait de la morve au nez, est arrivé et nous a demandé ce qu'on faisait là.

J'étais gêné. Mais Daniel et moi, on était bien assis où on était. Et le morveux a pas aimé ça. Pourla première fois de ma vie, j'ai vu des étoiles en plein jour. Pas mal d'étoiles, même. Puis, au moment où je rouvrais les yeux, un goût de salé a envahi ma bouche. Et mon nez a commencé à être pesant.

Recevoir son premier coup de poing sur le nez, c'est comme se faire dévierger la figure. Au début tu te demande ce qui se passe. Puis tu réalises. Enfin tu te décides à participer, toi aussi, à l'action.

J'ai décidé à vingt et un ans de participer à l'action. Un peu à retardement. Je suis entré dans la police. Pour arrêter des morveux, les mettre en taule.

Je regarde Vanessa. Elle sort de l'auto de patrouille la main sur son Glock. Je l'imite et je prends conscience.

Elle aussi, elle est belle. Putain, qu'est-ce qu'elles ont toutes à être belles ?

Je m'approche de la fenêtre côté conducteur et je demande au morveux de mettre les mains sur le volant. Je regarde ses mains, fines. Des doigts de pianistes. Des doigts de femmes. J'entends Vanessa. Crier. Je me tourne et la voie en train de se tirailler avec un gars de pas loin de six pieds.

Je jette un dernier coup d'oeil à la fenêtre conducteur. Je vois un fille de seize ou dix-sept ans. Son mascara coule. Elle pleure

dimanche 17 août 2008

(8)

Désolé pour le retard, Esperanza. Je devrais prendre l'habitude de mieux considérer probablement mon seul lecteur :)

La pluie s'abat fermement sur le pare-brise qui, ce soir, pare bien plus que la brise.

Mes mains serrent fermement le volant, je peux entendre le crissement du contact entre le cuir de mes gants et la matière douteuse dont est composé le volant. Le moteur du Crown Victoria, édition police, chante plus fort que la radio du véhicule de police de crachotte des informations à toutes les secondes.

L'alcool est descendu plus vite que je pensais. Le parfum de Caroline devait me faire tourner la tête plus que les deux cognacs en deux heures que j'ai consommé en lui parlant.

Vanessa est assise à mes côtés. Le soir, on travaille toujours en équipe. Le temps passe plus vite à deux, la nuit. Même quand on est pas dans le lit.

Un espèce de fou furieux a tabassé sa femme, dans un village. Les policiers l'ont ramassée tout en sang, mais le débile s'est sauvé avant leur arrivée. Deux de nos gars sont à l'hôpital avec la « Madame », deux autre sont occupés à faire de la prévention dans un festival. Y avait que Vanessa et moi pour remplacer le monde manquant.

J'ai rarement roulé aussi vite. Pourtant, je ne suis pas un gars de moteur. Mon père m'a élevé dans le culte du sport, ma mère dans celui de l'intellect. En dehors des études et des fins de semaines passées au mont à faire du ski, j'ai pas passé beaucoup de temps à conduire des VTT et des Ski-doos. Probablement pour ça que conduire à 180, c'est une exception pour moi.

Je suis tendu. Il faut que je me concentre pour décontracter les muscles de ma nuque et de mes épaules. Je serre les poings pour mieux sentir le cuir sur mes paumes. L'adrénaline que procure la réception d'un appel d'urgence se fait en injection directe au cerveau.

Je regarde Vanessa, je pense à Caroline et à Daniel qui doivent toujours être en train de bavarder, de rire, d'échanger du plaisir. Les lumières bleues et rouges des gyrophares ne me change pas les idées.

Vanessa lâche un petit cri féminin mignon à ravir. Je sors de ma bulle pour essayer de voir ce que je n'ai pas encore vu, mais qu'elle a perçu. Je freine un peu et vois le Mazda 626 que nous cherchons depuis une demie-heure passer à sens inverse.

Je donne un coup de volant en actionnant le frein à main. Les pneus du Ford crissent et glissent sur le tapis de pluie qui recouvre la chaussée.