dimanche 27 juillet 2008

(6)

Où le lecteur verra que l'auteur a peut-être suivi les conseils d'Esperanza ?

Le téléphone sonne.

J'ai soudain le coeur qui bat rondement, vivement. C'est pas tant parce que je sors de la douche à toute vitesse, laissant sur la céramique, puis sur le plancher de bois des coulisses d'eau qui vont me donner un travail du tonner à essuyer que parce je me demande encore qui va être à l'autre bout du cornet.

Déjà trois coup. Puis un quatrième.

J'agrippe le combiné. J'appuie sur Talk. Je réponds. Enfin.

J'ai jamais été trop expressif au téléphone. C'est un peu comme sur tous ces programmes de clavardage. Je trouve ça profondément froid, je trouve que ce sont des contacts de faible qualité. J'essaie de diminuer que je passe à l'un (le cornet) comme sur les autres (les chats et non les chats) au minimum. Je suis un répondeur binaire par excellence sur la machine d'Alexandre Graham Bell. Oui et non comme 1 et 0.

Je reçois rarement des appels. Ma famille et les quelques amis de qualité que j'ai ici, en région, me lâchent un coup de fil de temps à autre. Ces temps-ci, ça doit être vraisemblablement parce qu'ils veulent s'assurer que je suis encore en vie. Pas d'inquiétude à avoir de ce côté là. Je remonte la pente assez sûrement, deux mois plus tard. Je prends même goût aux avantages du célibat, ceux qui font de moi un des vieux garçons de ce monde.

Cette fois ci, c'était Paul, un des trois types avec qui je me tenais au collège, du moins, c'est ce que l'afficheur m'indique, parce que je n'ai pas su arriver avant qu'il ne raccroche. Je me retourne, dans le but d'aller terminer la douche que j'ai entamé quelques instants plus tôt.

Je regarde l'allure de l'appartement. On dirait qu'il vient de pleuvoir comme ça se peut pas. Le temps que j'essuie tout ça avec ma seule serviette sèche (celle qui était destinée à essuyer mes fesses ?). Je prends deux secondes pour m'assécher avec le dernier bout utilisable.

Les boxers à peine remontés au dessus des genoux, ça cogne à la porte. J'ai les jambes molles quand je vois les cheveux auburns se pointer à la hauteur du carreau de vitre de la porte.

J'ouvre et mon Jell-O de jambes tient tant bien que mal lorsqu'elle me touche le bras délicatement.

1 commentaire:

Sally Fée a dit…

Je viens tout juste de découvrir votre blog. Vos textes sont très agréables à lire; ça coule bien. En utilisant la première personne du singulier dans votre narration, cela nous donne l'impression que vous nous racontez votre vie, que vous vous confiez. Cela rend vos récits intimistes et nous amène à attendre la suite avec impatience.

La nostalgie qui est palpable teinte vos billets sans les rendre ennuyants.

Ce sera un plaisir de vous lire dorénavant,

Sally Fée